Le silence s’imposa d’un coup.
L’écho de leurs pas s’était brisé contre un mur…
d’une présence étrange.
Et là,
sous la lumière tremblante,
elle apparut :
une fresque monumentale,
taillée à même la pierre,
comme si elle les attendait depuis toujours.
Au détour d’un virage,
ils arrivèrent devant une grande fresque qui dominait le mur entier.
Le temps sembla suspendre son vol.
L’image était spectaculaire,
mais aussi terriblement intimidante :
une scène gravée dans la pierre,
représentant une immense tour qui s’élançait vers le ciel,
une silhouette en contre-jour,
entourée de ruines dévastées.
L'architecture semblait presque surnaturelle,
hors de toute époque ou civilisation connue.
Autour de la tour,
des formes humaines étaient représentées,
fuyant dans toutes les directions,
leurs visages figés dans des expressions de terreur.
Ce qui frappait le plus, cependant,
n'était pas l’image en soi,
mais la porte placée en plein centre de la fresque.
Elle était encadrée par des motifs gravés,
presque comme si la porte faisait partie de la fresque elle-même.
Les doubles portes étaient d’un noir d’encre,
se fondant dans le mur d’une manière qui rendait leur présence
à la fois évidente et étrange.
Le mur derrière était d'une texture identique à celle des parois,
noire et polie,
lisse au toucher,
comme une surface parfaitement lisse,
sans le moindre signe d'usure ou de passage.
Adam s’approcha de la fresque,
les yeux scrutant chaque détail,
comme si la scène elle-même cachait quelque chose de plus profond.
Il se tourna vers Kael,
un frisson parcourant son dos.
— C’est… c’est la même scène que celle que j’ai vue en Égypte…
mais en bien plus détaillée,
murmura-t-il.
— La fresque était brisée à plus de la moitié…
comme un… un souvenir effacé.
Kael, observant à son tour, hocha la tête en silence,
ses yeux fixés sur la porte.
Il n’avait pas besoin de regarder pour comprendre de quoi parlait Adam.
Lui aussi, il se souvenait d’une fresque similaire
qu’il avait aperçue lors de son voyage au Pérou,
à moitié effacée, à moitié consumée par le temps.
La même image de tour,
la même silhouette menaçante.
Mais cette fois,
tout était intact.
Un écho du passé, figé dans le temps,
pourtant clairement lié à leurs propres découvertes.
— Oui, je me souviens…
C’est comme si tout avait été effacé,
un processus de disparition intentionnel,
observa-t-il lentement.
— Pourquoi ici,
et pourquoi intacte ?
Ils restèrent là un moment,
à scruter la fresque et la porte,
se demandant ce que cette dernière signifiait.
Était-ce une sorte de seuil,
un passage caché,
ou quelque chose de plus sinistre ?
Tout autour d’eux,
l’obscurité semblait se resserrer comme une étreinte invisible.
Un vent froid soufflait faiblement à travers les fissures,
et le silence autour d’eux semblait presque plus lourd.
Mais il était évident
qu’aucun d’eux n’oserait franchir cette porte sans en savoir plus.
Alors qu’il observait les symboles gravés,
Kael sentit une étrange sensation s’emparer de lui.
Il avait repéré les quatre grands symboles,
gravés avec une précision inouïe,
placés un au nord, un au sud, un à l’est et un à l’ouest.
Mais quelque chose clochait.
Ces symboles lui semblaient familiers…
trop familiers.
Il les reconnaissait, ces motifs.
Ils ressemblaient étrangement à ceux qu’il avait vus en Égypte,
mais quelque chose n’allait pas.
Son regard se fixa sur le symbole au nord.
C'était celui qu’il avait vu au centre des fresques en Égypte,
et il était parfaitement aligné avec le positionnement de la porte.
Une sensation de vertige le saisit.
Les symboles…
Ils étaient tous là,
mais leur disposition était inversée.
Brusquement,
il se tourna vers Adam,
son visage devenu pâle, tendu.
Son ton était sec, autoritaire,
comme un éclat de lumière dans l’obscurité étouffante de la pièce.
— Adam,
en Égypte, les fresques étaient-elles comme ça ?
répéta-t-il,
un mélange de doute et d'incrédulité dans sa voix.
Adam, qui était plongé dans ses réflexions,
sursaute légèrement avant de se tourner vers lui,
l’air un peu perdu.
— Ben… oui,
je te l’ai dit,
c’est exactement la même chose,
pourquoi ?
Kael l’observa un instant,
intensifiant son regard.
— En es-tu bien sûr ?
Regarde-les bien, Adam !
Le positionnement était-il le même ?
Adam sembla pris de court,
mais ses yeux se mirent à scruter les symboles avec plus d’attention.
Un frisson d’incompréhension passa sur son visage.
Il se tourna vers Kael,
le regard perplexe.
— Eh bien, non, en fait…
Je viens de remarquer que,
même si deux des symboles étaient présents en Égypte,
ils n’étaient pas au même endroit.
Ce n’était pas du tout à la même position.
Un silence lourd s’installa entre eux,
le poids de la révélation s’imposant petit à petit dans l’esprit de Kael.
Ses pensées tourbillonnèrent.
Si les symboles étaient au mauvais endroit,
cela signifiait quelque chose de plus vaste…
de plus inquiétant.
Il se tourna à nouveau vers la fresque,
un éclair de compréhension traversant son regard.
— Quatre temples…
pensa-t-il à voix haute,
un frisson courant le long de son dos.
— Chaque symbole pourrait correspondre à un temple,
et chaque temple…
pourrait détenir une porte.
Un frisson d'excitation,
mais aussi de terreur, parcourut son corps.
Si son hypothèse était correcte,
alors la porte qu’ils observaient n’était qu’un début.
Il n’y avait pas seulement un temple à découvrir,
mais quatre.
Et peut-être que l’un d’entre eux était caché ici,
dans cet endroit…
en ce moment même.
Adam, tout d’un coup, s’élança avec une énergie débordante,
déterminé à prouver sa valeur.
Il s'approcha de la porte,
brandissant des crochets de serrurier et des outils de fortune,
espérant qu'un simple coup de main suffirait à la faire céder.
Ses gestes étaient vifs,
impatients,
comme si chaque mouvement devait être plus précis que le précédent.
Mais la porte resta obstinément immobile.
— Allez, viens !
grogna-t-il, frappant la porte d’un coup de poing.
Rien.
Kael observa, l’air indifférent,
se contentant de secouer la tête avec un léger soupir.
Adam, plus frustré que jamais,
se tourna brusquement vers lui,
les yeux pleins de défi.
— T’attends quoi, hein ?
Je vais faire sauter cette foutue porte !
Sans perdre une seconde,
Adam se lança dans un plan d’action plus radical.
Il sortit un paquet de plastique C-4 de son sac à dos,
avec un sourire d’un homme qui était enfin prêt à en finir avec ces conneries.
Il se précipita,
les doigts tremblants d’impatience,
et commença à placer les charges autour de la porte.
Kael resta là,
la main sur le front,
soupirant lourdement.
— Vraiment…?
Sérieusement ?
C’est le plan maintenant ?
Adam ne lui prêta aucune attention,
trop concentré sur sa mission.
Mais Kael savait que tout ce remue-ménage
n’était qu’un moyen pour Adam de compenser son anxiété
et sa frustration de ne pas avoir trouvé une solution plus tôt.
Quand l’explosion arriva, cependant…
il n’y eut rien.
Pas même une égratignure.
Adam s’arrêta net,
les yeux fixés sur la porte
comme s’il n’arrivait pas à y croire.
— Quoi... rien ?
Mais j’ai mis un C-4 là-dessus !
Ça devrait exploser !
Kael le fixa un instant, toujours aussi calme,
avant de se rapprocher de la porte.
Sans un mot,
il effleura la surface noire avec ses doigts.
Aussitôt,
la porte se mit à vibrer
et s’ouvrit lentement,
comme si elle l’attendait.
Adam, bouche bée, le regarda
avec un mélange de stupéfaction et de frustration.
— Tu… tu es sérieux ?!
Adam éclata de rire,
à la fois exaspéré et admiratif.
— Tu… t’as juste posé ta main et ça s’est ouvert !
Kael hocha simplement la tête,
un sourire en coin,
tandis qu’Adam continuait de marmonner,
clairement agacé par la facilité avec laquelle la porte avait cédé sous la touche de Kael.
Il se frotta les yeux,
un air de frustration mêlé d’admiration dans le regard.
— Bon, d’accord, je vois…
on va où, maintenant ?
Kael resta silencieux,
ses yeux fixant l’obscurité qui s’étendait derrière la porte ouverte.
Il se sentait plus intrigué qu'agacé.
Mais la simple facilité avec laquelle il avait ouvert la porte…
lui aussi avait du mal à y croire.
Il vit l'obscurité de l'autre côté de la porte,
l'air glacé le frôlant,
un frisson parcourant son dos.
Il déglutit sous la pression,
le cœur battant plus vite.
L’inconnu de ce qui les attendait au-delà le paralysait,
et il se tourna vers Adam,
une lueur d’incertitude dans le regard.
Il inspira profondément
avant de lâcher,
d’une voix presque brisée par l’anxiété :
— Qu’est-ce qu’on fait maintenant… ?
La porte s’ouvrit lentement dans un crissement sourd.
Et au-delà…
il n’y avait qu’un noir profond et infini.